(Beyrouth) – Le 11 octobre, la Haute Cour britannique a rendu une ordonnance autorisant un défenseur des droits humains saoudien vivant au Royaume-Uni à porter plainte contre le gouvernement saoudien pour avoir utilisé contre lui des logiciels espions, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Yahya Assiri, un éminent défenseur des droits humains saoudien, affirme que les autorités saoudiennes l’ont ciblé par le biais de logiciels espions entre 2018 et 2020.
L’ordonnance de la Haute Cour permet à Yahya Assiri de porter plainte contre l’Arabie saoudite dans le cadre du système juridique britannique. Le 28 mai, Assiri avait déposé une plainte contre l’Arabie saoudite pour l’avoir ciblé avec des logiciels espions ; dans sa plainte, il affirmait que le gouvernement saoudien l’avait harcelé, avait utilisé à mauvais escient ses informations privées et avait interféré de manière abusive avec ses téléphones portables.
« Le gouvernement saoudien est accusé d’avoir utilisé le logiciel espion Pegasus de NSO Group pour surveiller et réduire au silence des défenseurs des droits humains saoudiens pendant des années en toute impunité », a déclaré Joey Shea, chercheuse sur l’Arabie saoudite à Human Rights Watch. « Le procès intenté par Yahya Assiri devant un tribunal britannique est un pas important vers la reddition de comptes par le gouvernement saoudien après des années de répression transnationale et de violations répétées des droits humains. »
Des personnes ayant critiqué le gouvernement saoudien et des dissidents ont publiquement exprimé leurs inquiétudes quant à l’utilisation par les autorités saoudiennes de technologies de surveillance pour pirater leurs appareils et leurs comptes en ligne. Dans sa plainte, Assiri a déclaré que le gouvernement saoudien avait ciblé ses appareils avec des logiciels espions à plusieurs reprises entre 2018 et 2020.
Yahya Assiri est un éminent militant saoudien des droits humains qui a fondé l’organisation saoudienne de défense des droits humains ALQST, basée à Londres ; il avait précédemment été un membre fondateur du Parti de l’Assemblée nationale, un parti d’opposition saoudien. En 2013, il a quitté l’Arabie saoudite est s’est installé au Royaume-Uni, par crainte pour sa sécurité en raison de son travail en faveur des droits humains, et y a obtenu l’asile en 2017.
L’ordonnance émise par la Haute Cour du Royaume-Uni constitue une étape importante vers l’obligation de rendre des comptes pour les attaques présumées du gouvernement saoudien contre Assiri, a déclaré Human Rights Watch. Les gouvernements de divers pays devraient interdire la vente, l’exportation, le transfert et l’utilisation de technologies de surveillance jusqu’à ce que des mesures de protection des droits humains soient mises en place.
En 2018, Citizen Lab, un centre de recherche universitaire basé au Canada, a conclu que les messages suspects reçus par Assiri semblaient représenter des tentatives d’infecter l’un des ses téléphones portables « avec le logiciel espion Pegasus de NSO Group ». Assiri et ses avocats affirment que le gouvernement saoudien a infecté un autre téléphone portable d’Assiri avec un logiciel espion fabriqué par une autre société israélienne, QuaDream, en 2018. Ils ont déclaré qu’en juillet 2020, un autre appareil d’Assiri a été piraté à l’aide de Pegasus.
Le logiciel Pegasus est fabriqué et vendu par la société israélienne NSO Group. Cette société affirme qu’elle n’accorde de licence pour Pegasus qu’à des gouvernements. Les clients de NSO Group installent subrepticement le logiciel espion Pegasus sur les téléphones portables des personnes ciblées. Une fois que le logiciel Pegasus est installé sur un appareil, le client peut le transformer en un puissant outil de surveillance en obtenant un accès complet à sa caméra, ses appels, ses médias, son microphone, ses e-mails, ses SMS et d’autres fonctions, permettant de surveiller la personne ciblée et ses contacts.
Suite du communiqué en ligne en anglais.
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